Dans l’est de la République démocratique du Congo, les tensions entre la société civile et les autorités politico-militaires ne faiblissent pas. Des mouvements citoyens et la société civile appellent à une grève générale de deux jours pour réclamer, entre autres, des opérations militaires visant à déloger les rebelles du M23 qui contrôlent la ville de Bunagana depuis plus de trois mois.

Les autorités interdisent ces journées « ville morte » et ont appelé les habitants à vaquer à leurs occupations, mais les organisateurs, dont fait partie la Lucha, tiennent bon.

« Nous avons appelé la population à respecter deux jours de ville morte ce lundi et ce mardi. La première raison est d’exiger la levée de l’état de siège, qui est une mesure exceptionnelle qui a échoué », explique Espoir Ngarukiye, militant de la Lucha, interrogé par notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa. Et c’est une mauvaise solution à un vrai problème, celui de la sécurité. La deuxième demande, c’est que les FARDC [Forces armées de la République démocratique du Congo] reprennent les offensives pour libérer Bunagana, qui est occupé depuis bientôt 105 jours par les terroristes du M23″.

« Ils ne combattent pas le M23 et laissent le M23 se déplacer comme s’ils étaient en territoire conquis, où il n’y a pas de gens pour s’opposer à eux. Et nous disons aux FARDC que nous en avons assez de votre silence. Cela nous amène à la troisième demande, de réitérer notre appel au retrait immédiat des casques bleus de la Monusco, qui ont échoué, qui constituent une mission inefficace, comme l’a dit le secrétaire général des Nations unies [António Guterres] sur vos ondes, ils ne sont pas capables de combattre le M23″, souligne-t-il. C’est pourquoi nous disons que c’est une mission inefficace, inutile et pratiquement complice ».
Une « journée ville morte » est respectée

Malgré les appels des autorités locales à ne pas suivre le mouvement, le mot d’ordre semble avoir été plutôt bien suivi. Arnold Djuma Batundi, secrétaire général de la Coalition des volontaires pour la paix et le développement, une organisation basée à Goma, rapporte : « Depuis ce matin, les activités sont paralysées. Les marchés et les magasins n’ont pas ouvert. Les écoles n’ont pas fonctionné. Les parents avaient peur d’envoyer leurs enfants à l’école parce qu’ils craignaient des situations vraiment très tendues et que les enfants soient blessés lors des manifestations ».

Arnold Djuma Batundi explique toutefois que certaines activités ont repris à la mi-journée : « Selon nos enquêteurs sur place, certaines activités commencent à reprendre, et ce parce que la municipalité a déployé des agents sur le terrain ». Ce serait « la peur des amendes » qui pousserait les commerçants à rouvrir. (Source : RFI)