« Vous avez des instruments diplomatiques, économiques et militaires qui peuvent arrêter cette souffrance ». Le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018, a plaidé mercredi devant la Commission des Relations extérieures de la Chambre pour que la Belgique fasse des propositions au niveau international, tant au sein de l’UE qu’auprès des Nations unies, afin de mettre fin à la guerre qui endeuille l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis 25 ans. Il a demandé à la Belgique de soutenir la création d’un tribunal pénal international. Le Prix Nobel de la Paix a ainsi appelé à lutter contre la « culture de l’impunité » et a encouragé la Belgique à mettre en place une conférence internationale pour soutenir la mise en place d’une « justice transitionnelle », évoquant le « droit des Congolais à la justice, à la vérité et à la garantie que les atrocités commises au cours des 25 dernières années et qui se poursuivent aujourd’hui ne se reproduiront pas ». Dans ce contexte, le Dr Mukwege a déclaré qu’il soutenait la résolution présentée par Ecolo-Groen visant à demander la création d’un tribunal pénal spécial chargé de poursuivre les crimes contre l’humanité.

« Je demande également aux députés de soutenir l’initiative des députés de la République démocratique du Congo d’identifier et de sécuriser les lieux des massacres afin que des équipes d’enquêteurs internationaux puissent être déployées pour creuser de nombreuses fosses communes et recueillir des preuves de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, voire de génocide », a-t-il ajouté.

Faisant écho au discours du Premier ministre Alexander De Croo devant l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, le gynécologue et militant des droits de l’homme a également appelé à « repenser » la mission des Nations unies (Monusco) sur le terrain. Selon lui, la mission devrait se concentrer sur l’aide à apporter à la République démocratique du Congo pour réformer son armée afin qu’elle puisse assurer la sécurité des biens et des personnes.

Le Dr Mukwege a également demandé « d’aider notre gouvernement à parvenir à une bonne gouvernance dans le secteur minier ». « Le pourrissement de la situation est dû au fait que les causes structurelles n’ont jamais été traitées : l’exploitation et le commerce illégal des ressources naturelles ». « Les directives sur le devoir de diligence, la traçabilité et la certification des diamants sont des initiatives qui vont dans la bonne direction. Mais elles ne sont pas suffisantes. Ces textes ne sont pas contraignants pour tous les maillons de la chaîne », a-t-il constaté, citant le cas de la Chine.

Enfin, le gynécologue a appelé la communauté internationale à soutenir « un processus électoral démocratique » en RDC. Il s’est également prononcé en faveur de l’isolement diplomatique du Rwanda. Selon lui, il y a une « similitude entre l’agression russe en Ukraine et l’agression rwandaise en RDC ».

Denis Mukwege a dénoncé le manque d’intérêt « politique, humanitaire et médiatique » pour ce conflit. Il faut « mettre fin à l’indignation sélective et à la politique de deux poids, deux mesures, qui sapent la crédibilité et la force du droit international ».