Cinq Congolais qui nient les faits ont comparu mercredi devant la justice militaire à Kinshasa pour l’assassinat de l’ambassadeur italien Luca Attanasio en 2021 dans l’est de la République démocratique du Congo, abattu après être tombé dans une embuscade, a constaté une équipe de l’AFP. Un sixième accusé, en fuite, est jugé par contumace devant le tribunal de garnison de la capitale de la RDC. Le tribunal siège sous forme d’audience forcée sous une grande tente kaki dans l’enceinte de la prison militaire de Ndolo à Kinshasa, où sont détenus les accusés.

Le procès avait débuté le 12 octobre, mais avait été immédiatement suspendu à la demande des avocats de la défense qui avaient demandé à consulter le dossier.

L’affaire n’a pas non plus été traitée sur le fond lors de la reprise de l’audience mercredi, l’un des avocats, Me Joseph Amzati, ayant demandé au tribunal militaire de se déclarer incompétent car ses clients, arrêtés début 2022 à Goma (est), étaient des civils. Il a également demandé leur mise en liberté provisoire, car « ils clament tous leur innocence », a-t-il ajouté.

Au nom du ministère public, le lieutenant-colonel magistrat Joseph Malikidogo s’est opposé aux deux demandes.

Il a expliqué que les accusés étaient poursuivis pour meurtre, association de malfaiteurs et « détention illégale d’armes et de munitions de guerre », ce dernier point relevant selon lui de la justice militaire. « Le meurtre a été commis avec des armes de guerre », a-t-il souligné.

En ce qui concerne la liberté provisoire, le lieutenant-colonel a poursuivi : « Je ne vois pas ce qui pourrait la justifier ». Les faits jugés « sont d’une gravité indescriptible », a-t-il souligné, estimant qu’il serait « scandaleux que des personnes poursuivies pour des faits aussi graves soient libérées ».

Le tribunal a alors suspendu une nouvelle fois l’audience et rendra sa décision sur les demandes de la défense mercredi prochain, le 26 octobre.

Luca Attanasio, 43 ans, est mort le 22 février 2021 des suites de blessures par balle reçues lorsque le convoi du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) dans lequel il se trouvait est tombé dans une embuscade au nord de Goma, en bordure du parc national des Virunga, une région en proie à la violence des groupes armés depuis près de 30 ans. Son garde du corps italien, le carabinier Vittorio Iacovacci, et un chauffeur congolais du PAM, Mustapha Milambo, avaient également été tués.