Plusieurs centaines de médecins ont manifesté lundi à Beni, proclamant « trois jours d’hôpital sans médecin » dans cette région de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), après une nouvelle attaque meurtrière des rebelles contre des établissements de santé la semaine dernière, a constaté un correspondant de l’AFP. Le Dr Sylvie Kavuke, nonne médecin, faisait partie des sept personnes tuées dans l’attaque attribuée aux rebelles ougandais ADF (Forces démocratiques alliées) contre le centre de santé de la localité de Maboya et un hôpital voisin.
« Les médecins sont indignés », « Nous demandons la reconstruction des hôpitaux incendiés », pouvait-on lire sur des banderoles portées par les manifestants alors qu’ils marchaient vers la mairie, où un mémorandum a été lu.
Le texte rappelle qu’avant l’attaque de Maboya dans la nuit de mercredi à jeudi, la communauté médicale du territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, avait subi ces dernières années de nombreux « pillages et incendies » ainsi que des « enlèvements de médecins ».
Le Nord-Kivu fait partie des provinces de l’est de la République démocratique du Congo qui sont en proie à la violence des groupes armés depuis près de 30 ans. Le territoire de Beni se trouve au cœur de la zone d’action du groupe ADF, que le mouvement djihadiste État islamique désigne comme sa branche en Afrique centrale.
Au milieu de cette « insécurité persistante », le personnel médical est « devenu une cible », s’indignent les médecins, qui réclament « la sécurisation de toutes les structures de santé », l’autorisation du port d’armes dans les « zones rouges » pour le personnel de garde, une « prime de risque », etc.
« Nous demandons justice », a également déclaré aux journalistes le Dr Godefroid Mbeho, président du syndicat des médecins de Beni, ajoutant que les « trois jours sans médecins à l’hôpital » annoncés par les manifestants devaient servir à « alerter l’autorité compétente ».
« Les hôpitaux ne doivent en aucun cas être une cible et le personnel soignant et les malades doivent être protégés en toutes circonstances », s’est alarmé le Dr Denis Mukwege, gynécologue du Sud-Kivu et lauréat du prix Nobel de la paix 2018 pour son action en faveur des femmes violées, dans une déclaration diffusée dimanche.
« Ces crimes odieux ne doivent pas rester impunis », a-t-il ajouté. Pour le Dr Mukwege, « la justice est un impératif pour (…) empêcher la répétition des atrocités de masse qui endeuillent chaque famille congolaise depuis plus d’un quart de siècle ».